Mise en Oeuvre d’un Projet de Démonstration Pour un Marché du Carbone Sectoriel dans l’Industrie du Ciment en Tunisie

From energypedia
The printable version is no longer supported and may have rendering errors. Please update your browser bookmarks and please use the default browser print function instead.

Contexte

Depuis l’adoption de la CCNUCC en 1992, la Tunisie a inscrit la lutte contre le changement climatique comme action prioritaire et a adopté une politique volontariste dans ce sens. Au cours des deux dernières décennies, elle a engagé des politiques dans le domaine de la maîtrise de l’énergie qui ont eu comme résultat, une baisse considérable de l’intensité carbone.

Dans le cadre de cette politique volontariste, l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Energie (ANME) a lancé en 2013 une initiative destinée à engager le secteur cimentier tunisien dans un programme volontaire d’atténuation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Cette initiative est appuyée par le Ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la Nature, de la Construction et de la Sûreté nucléaire (BMUB) à travers la Coopération Allemande au Développement (GIZ) et a abouti à une proposition de mécanisme d’atténuation des GES dans le secteur cimentier en Tunisie.

Cette initiative a été basée sur une large consultation des parties prenantes et a pu déboucher sur l’identification d’un potentiel d’atténuation des émissions de GES d'environ 28,7 millions de téCO2 sur la période 2014-2030. Ce potentiel pourrait être atteint à travers la mise en œuvre de quatre types de mesures d’atténuation identifiées en commun accord avec les cimentiers :

  • Les actions d’efficacité énergétique;
  • Les énergies renouvelables et plus particulièrement l’éolien;
  • L’utilisation des combustibles alternatifs;
  • La réduction du ratio clinker dans le mélange du ciment.

Après un processus de concertation et de discussions avec plusieurs partenaires, des fonds ont pu être mobilisés afin d’appuyer la mise en œuvre du mécanisme proposé et un projet de renforcement des capacités et d’appui technique a pu être développé. Il s’agit d’un projet de la Commission Européenne et du BMUB exécuté par la GIZ et l‘ANME qui a été signé fin 2014 et qui vise à créer les conditions favorables à l'investissement du secteur cimentier tunisien dans les technologies bas-carbone dans le cadre d'un mécanisme d'atténuation sectoriel.

En ratifiant l'Accord de Paris le 17 octobre 2016, la Tunisie a confirmé sa détermination à réduire ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Dans sa Contribution Déterminée au niveau national (CDN), la Tunisie s'engage à réduire son intensité carbone de 41% eb 2030 par rapport à 2010. La contribution du secteur cimentier représente 15% des objectifs de la CDN sur la période 2016-2030.

Le secteur cimentier tunisien : Chiffres Clés

L'industrie du ciment est une industrie stratégique en Tunisie. Le secteur comprend 9 cimenteries (8 unités pour le ciment gris et 1 unité pour le ciment blanc) ayant une capacité d'environ 11 millions de tonnes de clinker et près de 12 millions de tonnes de ciment. En 2014, ce secteur représentait 3,3% de la valeur ajoutée industrielle et environ 0,8% du PIB. Le secteur emploie plus de 3200 personnes et contribue à la création d'emplois directs et indirects (mines, transports, ingénierie, maintenance, commerce, etc.).[1]

Malgré l’importance de l’industrie cimentière dans les économies mondiales, cette dernière présente deux risques majeurs à savoir : la consommation excessive d’énergie et la pollution de l’environnement.

En termes de consommation énergétique, le secteur représente 35% de la consommation finale d'énergie du secteur industriel, 10% de la consommation d'énergie primaire de la Tunisie et 8% de la consommation nationale d'électricité.[2]

En termes d'émissions de CO2, le secteur cimentier a généré 8,4 Millions de tonnes équivalent CO2 (MteCO2) ce qui correspond à 14% des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) en Tunisie. Les émissions sont répartis entre les émissions provenant du procédé industriel (56%), les émissions directes imputées à la consommation de combustibles thermiques (34%) et les émissions indirectes dues à la consommation d'électricité du réseau (10%).[2]

Le potentiel d'atténuation

Le potentiel d'atténuation a été estimé à environ 28,7 MteCO2 sur la période 2016-2030. Ce potentiel cumulé représente environ 90% des émissions nationales nettes de la Tunisie sur une année.[3]

Ce potentiel est réparti selon les technologies comme suit :

  • Efficacité énergétique : 4,9 MteCO2,
  • Energie éolienne : 9 MteCO2,
  • Réduction du ratio clinker/ciment : 4,7 MteCO2,
  • Co-processing (Utilisation des combustibles alternatives) : 10,1 MteCO2.

Coûts et gains financiers

Le scénario d'atténuation nécessite la mobilisation d'environ 970 millions d'euros d'investissement d'ici 2030. Les coûts d'investissement sont répartis, principalement, entre l'électricité éolienne et le co-processing avec des parts respectives de l'ordre de 62% et 32%.[3]

La mise en place de ces technologies bas carbone dans le secteur cimentier engendrerait des gains cumulés pour la nation de l'ordre de 1,6 Milliard d'euros sur la période 2016-2030. Ceci correspond à un indice de profitabilité évalué à 1,65.

References

  1. Les Industries des Matériaux de Construction, de la Céramique et du Verre en Tunisie, http://www.tunisieindustrie.nat.tn/fr/download/CEPI/mono_imccv.pdf
  2. 2.0 2.1 Premier rapport biennal de la Tunisie soumis à la CCNUCC, 2014, http://unfccc.int/resource/docs/natc/tunbur1_fre.pdf
  3. 3.0 3.1 Contribution prévue déterminée au niveau national de la Tunisie soumis à la CCNUCC, 2015, http://bit.ly/1NGLVxb