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Modèles d’entreprise pour systèmes agroalimentaires durables
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Introduction
Le modèle d’entreprise décrit la stratégie de base d’une organisation, c’est-à-dire la manière dont l’entreprise produit, distribue, tarifie et promeut ses produits. Dans le cadre du nexus énergie-alimentation, les besoins énergétiques varient en fonction de la taille et du type de l’entreprise agroalimentaire. Celle-ci doit donc pourvoir choisir entre différents modèles d’entreprise pour pouvoir améliorer ses stratégies d’investissement et ses approches de mise en œuvre et se maintenir sur le marché dans des conditions optimales.
Entreprises agroalimentaires dans le nexus énergie-alimentation
Les entreprises agricoles vont de l’exploitation de subsistance à la grande exploitation commerciale. Leur taille a une influence majeure sur leur capacité à gérer et à incorporer des technologies renouvelables ou économes en énergie et doit donc servir de fil rouge à l’analyse technico-économique des chaînes de valeurs agricoles.
Les petits exploitants agricoles produisent des aliments pour leur propre consommation. Ces producteurs de subsistance utilisent des intrants à faible demande énergétique et ne disposent souvent pas des ressources financières nécessaires pour investir dans des solutions énergétiques durables. Pourtant, en se regroupant en réseaux coordonnés, ils peuvent tirer parti de systèmes d’énergie renouvelable tels que les petits systèmes à énergie solaire, éolienne ou hydroélectrique. Les petites unités familiales sont légèrement plus grandes que les précédentes et peuvent fournir les marchés locaux et/ou les usines de transformation en aliments frais. Elles peuvent également accéder à des technologies d’énergie renouvelable telles que la chaleur solaire pour le séchage des récoltes, le biogaz produit sur l’exploitation pour la cuisson et les systèmes PV pour la production d’électricité.
Les petites entreprises privées peuvent également être gérées par des familles, mais fonctionnent à une échelle légèrement plus importante et emploient plusieurs personnes. Leur capital leur permet de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles en investissant dans l’énergie renouvelable, ce qui bénéficie également à la communauté locale environnante.
Les entreprises agroalimentaires de plus grande taille ont généralement besoin de davantage d’intrants énergétiques externes directs et indirects. Quant aux grandes entreprises, elles ont accès à des financements qui leur permettent d’investir dans des technologies d’énergie renouvelable, puis d’utiliser l’énergie produite sur l’exploitation ou de la vendre pour en tirer des revenus supplémentaires. En savoir plus...
Modèles d’entreprise pour le nexus énergie-agriculture
Lors de la création d’une entreprise, il est important d’apporter une valeur ajoutée que les clients sont prêts à payer. Pour estimer le potentiel de commercialisation du produit ou service considéré, la première étape consiste à réaliser une étude et une analyse du marché. Avant de commencer les calculs financiers ou de lancer une activité commerciale, il est en effet important de définir certains éléments de base, notamment les coûts totaux du projet, qui peuvent être divisés en dépenses d’investissement (CAPEX) et en charges d’exploitation (OPEX), ces dernières étant sous-divisées en charges fixes et variables.
Il est parfois difficile de prendre une décision d’investissement, particulièrement s’il s’agit d’un investissement important ou à long terme ou si plusieurs possibilités existent. La budgétisation des immobilisations donne un aperçu des éventuels retours sur investissement et aide à identifier les options d’investissement les plus rentables. Deux grandes approches sont utilisées pour évaluer la rentabilité des projets d’investissement : l’approche statique et l’approche dynamique. L’approche statique est utile pour obtenir une première impression, ainsi que pour classer les différentes options d’investissement. Elle est basée sur l’utilisation d’un indicateur de rentabilité baptisé « délai de récupération de l’investissement », qui permet d’identifier l’option d’investissement ayant la période de rentabilisation la plus courte. L’approche dynamique tient compte de la valeur temps de l’argent, qui est particulièrement importante pour les investissements à long terme. Dans ce cas, les principaux indicateurs sont la valeur actuelle nette et le taux de rendement interne. Toutes les méthodes d’évaluation des investissements ont leurs points forts et leurs points faibles. Il est donc recommandé d’en appliquer au moins deux avant de prendre une décision.
Lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’argent pour faire un investissement, le microfinancement peut s’avérer utile. Il permet de diviser les coûts d’investissement initiaux relativement élevés en montants mensuels plus réduits. Cette approche est souvent utilisée pour les projets énergétiques des petites entreprises agricoles et englobe des services tels que l’assurance, le leasing, l’épargne, les transferts de fonds et les crédits, fournis par des institutions de microfinance (IMF) qui peuvent être des ONG, des banques, des coopératives de crédit et d’épargne ou des associations. En savoir plus...
Études de cas
Plan d’affaires pour la transformation solaire des tomates
Il est possible d’améliorer le développement économique des régions rurales isolées en ajoutant de la valeur aux matières premières produites par les agriculteurs. Par exemple, un projet de la GIZ en Éthiopie aide les agriculteurs à transformer les tomates en tomates séchées et en concentré de tomates. Pour pouvoir concurrencer les grandes usines de transformation existantes, il est fondamental d’élaborer un plan d’affaires englobant, notamment, un plan de production qui décrit les différentes étapes et les technologies requises pour la préparation des aliments, la stérilisation de l’emballage, etc. Le plan marketing permet, quant à lui, de déterminer comment mieux répondre aux besoins des clients, par exemple, en vendant des portions plus petites, emballées dans des sacs en PET faciles à utiliser. Un plan financier est également nécessaire avant tout investissement, car il prend en compte les coûts d’amortissement. Enfin, pour garantir la durabilité à long terme du projet, il faut élaborer un plan de gestion décrivant la quantité de main-d’œuvre nécessaire à chaque activité. En savoir plus…
Transformation des oléagineux à petite échelle
Le programme de gestion durable des terres de la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH) et la Tigray Agricultural Marketing Promotion Agency (TAMPA) se sont associés pour promouvoir la transformation à petite échelle des oléagineux à Tigray. Les groupes ciblés sont les producteurs d’oléagineux organisés en groupes d’utilisateurs qui ont reçu des unités de transformation (extracteur d’huile manuel) dans 13 woredas (districts) du pays. Le projet vise à encourager les producteurs d’oléagineux à ajouter de la valeur à leurs produits de base. Le produit final est une huile vierge de noug (graines de niger) ou de suff (carthame) qui améliore la nutrition des familles des agriculteurs et génère des revenus supplémentaires. Le tourteau résiduel peut également servir de concentré protéiné pour l’alimentation des animaux. Pour déterminer la rentabilité de cet appareil, il faut comparer les données de performance aux coûts de financement, qui englobent toutes les étapes de la transformation ainsi que les coûts d’entretien et d’amortissement. En savoir plus…
ColdHubs
Les ColdHubs sont des chambres froides alimentées à l’énergie solaire, destinées au stockage et à la conservation hors réseau d’aliments périssables. Les ColdHubs peuvent être installés dans tous les grands centres de production et de consommation d’aliments, notamment les marchés. Les agriculteurs placent leurs produits dans des caisses en plastique propres à l’intérieur de la chambre froide, ce qui permet de garantir leur fraîcheur pendant environ 21 jours au lieu de deux auparavant. Ces dispositifs apportent une solution au problème de la conservation des fruits, légumes et autres aliments périssables qui se perdaient après la récolte. Pour évaluer le potentiel de mise en œuvre du projet, sa faisabilité financière a été testée en évaluant trois modèles d’entreprise différents : le modèle de propriété actuel, le modèle du tiers/utilisateur potentiel et le modèle de la franchise. La capacité de stockage et la fréquence d’utilisation ont joué un rôle clé dans l’évaluation. Dans le modèle tiers, les utilisateurs achètent le ColdHub en le finançant par un prêt auprès d’une banque ou d’un fournisseur ou par un système de location-vente mensuel auprès du fournisseur. Pour accroître l’attractivité pour les investisseurs, il est possible d’augmenter les prix d’utilisation, d’obtenir des taux d’intérêt plus intéressants sur les prêts ou le leasing et d’accroître le montant de l’investissement initial. Sans cela, le taux de rendement interne (TRI) serait trop faible et rendrait tout prêt bancaire irréaliste. Le modèle de franchise permet à différents franchisés de louer le nom et la technologie de ColdHub, ce qui permet un développement plus rapide mais limite les bénéfices pour les franchisés. Ces derniers gèrent les hubs et collectent les frais de réfrigération, qui doivent être augmentés pour couvrir la dette. Cette mesure reste faisable, car l’installation de chambres froides permet de générer des revenus supplémentaires grâce à la réduction des déchets alimentaires et à la hausse des prix de vente des aliments frais. La combinaison du modèle de franchise et du modèle de propriété actuel permettrait une expansion modérée des ColdHubs d’ici à 2023. En savoir plus…
Publications et outils
Nexus eau-énergie-alimentation : business cases agroalimentaires
Le secteur agroalimentaire représente 80 % de l’utilisation mondiale d’eau douce et 30 % de la demande mondiale d’énergie et il produit 12 % à 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Sachant que la demande mondiale d’aliments devrait augmenter de 70 % d’ici à 2050, il est important, pour relever les défis d’une production agricole durable, de comprendre quelles sont les interdépendances entre l’eau, l’énergie et l’alimentation. Les solutions de gestion, transformation, distribution et vente au détail de produits agricoles basées sur les nexus sont particulièrement adaptées pour atténuer les risques, réduire les coûts et améliorer la productivité. Toutefois, cette transition nécessite des investissements initiaux et une réflexion à long terme qui sont souvent hors de portée des PME. Il est donc important que les grandes entreprises génèrent de la valeur sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement, afin de réduire les risques et les coûts initiaux pour les PME grâce à des partenariats commerciaux mutuellement bénéfiques. Les gouvernements ont, en outre, un rôle fondamental à jouer dans la promotion des nexus, sachant que les entreprises privées ne peuvent pas, à elles seules, financer les avantages publics. Il est donc essentiel de créer des incitations et d’améliorer la sensibilisation des PME, tout en élaborant des politiques sur les questions liées au nexus alimentation-eau-énergie pour favoriser les investissements à long terme dans le développement durable. En savoir plus…
Guide de planification du secteur des bioénergies (BEST)
Malgré l’image souvent négative associée aux bioénergies, la biomasse ne doit pas être considérée comme un combustible dépassé et non durable. Sa durabilité dépend des pratiques utilisées dans la chaîne de valeur, notamment des techniques de gestion des ressources forestières et de l’efficacité de sa conversion et de son utilisation. Si l’on transfère les activités liées à la biomasse du secteur informel vers le secteur formel grâce à la mise en place d’un cadre réglementaire adapté et fonctionnel, les producteurs et les négociants se sentent plus en sécurité, ce qui les incite à investir dans des méthodes de production plus efficaces et plus durables. Le Guide de planification du secteur des bioénergies aide les parties prenantes des institutions gouvernementales à élaborer des stratégies de gestion efficaces et coordonnées dans le secteur des bioénergies. Ces stratégies comportent six étapes : analyse et constitution de l’équipe, analyse de base du secteur, élaboration de scénarios, formulation d’interventions, stratégie et suivi du plan d’action et, enfin, adoption et mise en œuvre des activités convenues. Le Guide peut également être utilisé par les acteurs de la société civile et les donateurs comme outil de sensibilisation à l’importance du secteur de la biomasse. En savoir plus...