Réalisation des audits énergétiques et des émissions CO2 des cimenteries tunisiennes

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Contexte et objectifs de l’activité

Au vue de la législation tunisienne pour la maîtrise de l’énergie, particulièrement le décret n°2009-2269, les cimenteries tunisiennes sont assujetties à l’audit énergétique obligatoire et périodique (tous les 5 ans). Ces audits sont réalisés par des auditeurs tierce partie accrédités par l’ANME conformément à un cahier de charges techniques élaboré relatif au secteur.

Cet audit, obligatoire et périodique, n’est pas spécifique à l’industrie cimentière et l’objectif est d’identifier un potentiel d’économie d’énergie, les actions pour concrétiser ce potentiel et une évaluation assez sommaire des investissements correspondants.

De l’avis de la majorité des cimentiers, et des professionnels de l’efficacité énergétique, les auditeurs énergétiques tunisiens n’apportent véritablement pas le plus escompté. Egalement, ils jugent que la méthodologie adoptée dans ces audits n’est pas adaptée à l’industrie du ciment. Il est donc nécessaire de palier à de telles lacunes, pour donner une dynamique nouvelle aux audits énergétiques des cimenteries tunisiennes.

D’un autre côté, ces audits non spécifiques à l’industrie cimentière couvrent uniquement l’efficacité énergétique et ne sont pas suffisamment fins pour permettre des mutations significatives dans les performances énergétiques des cimenteries. Ils ne permettent pas à fortiori pas la définition d’un plan d’action atténuation des émissions de GES.

Sur la base de ces points ci-dessus, il a été convenu que le projet appuie la réalisation d’audits énergétiques et des émissions CO2 plus poussés et qui devraient couvrir, outre l’efficacité énergétique, toutes les actions possibles d’atténuation des GES dans le secteur cimentier tunisien (énergie renouvelable, co-processing et ciment faible teneur en clinker). L’objectif de cette activité est de :

  • Développer une méthodologie d’audit spécifique pour l’industrie du ciment. Cette approche sectorielle d'audit devrait être adaptée officiellement par l'administration tunisienne (à savoir l'ANME) dans le cahier des charges d’audit.
  • Former les auditeurs tunisiens pour qu’ils soient à même d’effectuer de tels audits auprès des cimentiers dans le futur, et pour assurer que ces audits apportent réellement un bénéfice aux cimentiers ;
  • Dresser la situation énergétique et des émissions de CO2 du secteur pour une année de référence donnée et identifier les indicateurs de performance pour le futur système MRV,
  • Etablir les plans d’action d’atténuation de GES de chaque cimenterie et identifier les objectifs d’atténuation et d’amélioration de performance à inscrire dans l’accord volontaire.


Modalités de l’activité

En collaboration avec l’ANME, la GIZ a défini les modalités liées à cette activité, à savoir : le profil du bureau à recruter, le déroulement de la mission, les attentes par rapport à la méthodologie pour la réalisation des audits et la formation des auditeurs locaux.

Suite à ça, un appel d’offre international a été lancé pour le recrutement une entreprise internationale spécialisée en partenariat avec une entreprise tunisienne ayant des références dans la conduite d’audits dans le secteur cimentier, ainsi que des connaissances à jour dans le domaine technologique se rapportant au secteur du ciment.

Les résultats attendus pour cette activité sont les suivants :

i.Développer une méthodologie répondant aux exigences des audits énergétiques et des émissions de CO2 approfondis :

La méthodologie attendue devra se baser sur un état des lieux des méthodes utilisées à cet effet au niveau international et justifier er proposer la solution qui se prête au mieux au contexte tunisien pour la mise en place d’un mécanisme de marché de carbone. Il est à noter qu’on se propose d’aboutir à une méthodologie plus détaillée et plus complexe de ce que propose le cahier de charges de l’ANME et inclure une partie liée aux émissions de CO2 dans les audits.

ii.Formation des auditeurs locaux :

un programme de formation est proposé en faveur des auditeurs tunisiens. Il s’agit d’une formation théorique mais qui est en même temps une étape préparatoire pour la réalisation effective des audits des cimenteries.

iii.Réalisation des audits énergétiques et de CO2 pour les cimenteries :

Pour la réalisation effective des audits, le schéma proposé est le suivant :

a.la réalisation d’un premier lot de 3 audits, où le bureau d’études international est le chef de fil et il accompagne et encadre les experts tunisiens

b.la réalisation du 2ème lot de 6 cimenteries, où les experts tunisiens réalisent les audits et le bureau international supervise et contrôle leur travail, tout en étant responsable de la qualité du travail réalisé.

iv.Conception d’une base des données :

Une fois les audits réalisés, le bureau d’études international devra concevoir une base des données qui compilera les indicateurs relevés lors des audits pour chaque cimenterie ainsi que pour l’ensemble du secteur. Cette base des données devra compiler les données sur la consommation d’énergie (globale, par forme d’énergie, par poste du procédé de fabrication, etc.), sur les émissions de CO2 (globales, provenant de la consommation électrique, imputées à la combustion d’énergie thermique, engendrées par le procédé de clinkerisation, au niveau de chaque poste du procédé, etc.) ainsi que sur les indicateurs de performances appropriées (consommation d’énergie spécifique, facteurs d’émission, intensité carbone, etc.) à chaque cimenterie et pour l’ensemble du secteur. Cette base des données devrait être accompagnée d’un guide d’utilisation permettant aux responsables de l’unité de gestion du mécanisme (UGM) de la gérer dans l’avenir.

Cette base des données est d’autant plus importante qu’elle représentera, par la suite, une composante principale du système MRV à mettre en place, ultérieurement, pour le besoin du mécanisme à proposer pour le secteur cimentier tunisien.

v.Développement d’un plan d’action d’atténuation pour chaque cimenterie :

Sur la base des résultats des audits, un plan d’action sera arrêté pour chacune des cimenteries et, ainsi pour l’ensemble du secteur. Ces plans (de chaque cimenterie et du secteur) comporteront les actions proposées pour chaque cimenterie, les investissements à mobiliser, le planning correspondant, les objectifs et les indicateurs à atteindre, les impacts en termes d’économie d’énergie et de réduction des émissions des GES.

vi.Identification des objectifs d’atténuation des émissions :

Sur la base des plans d’action établis, le bureau international, accompagné des auditeurs nationaux, mèneront des concertations avec chacune des cimenteries pour arrêter les mesures d’atténuation proposées dans les dits plans. Ces concertations devront aboutir à des engagements de la part des cimentiers pour la mise en place des mesures qu’ils auraient approuvées en fonction d’un ensemble de conditions qui leur conviendraient (coûts, potentiel d’atténuation, ordre de priorité). Ces engagements constitueront les éléments de base pour l’accord volontaire de chaque cimenterie et globalement, du secteur cimentier.

 


Progression de l’activité

 

La mission des audits a démarré en mars 2016 à travers des rencontres avec les auditeurs locaux et les cimentiers. Ces rencontres ont permis de présenter les experts du bureau international aux parties concernées, les principales étapes de la mission et le planning général.

Les auditeurs locaux prenant part à ce programme ont été sélectionnés suite à une manifestation d’intérêt lancée par l’ANME auprès des auditeurs tunisiens agrées. Cette manifestation d’intérêt s’est basée sur les critères suivants : Nombre d’audits réalisés dans le secteur industriel, Nombre des audits réalisés dans la branche industrielle des matériaux de construction, nombre d’audits réalisés dans l’industrie du ciment et années d’expérience. Suite à cette manifestation d’intérêt, douze auditeurs ont été retenus pour bénéficier d’une formation sur la réalisation des audits énergétiques et des émissions CO2 de l’industrie du ciment.

Depuis le démarrage de cette activité, les tâches suivantes ont été entreprises :

  • Une méthodologie pour les audits a été élaborée, concertée et validée pour la réalisation des audits. Cette méthodologie est fondée sur la norme européenne EN-16247 et la norme ISO 50002 relatives aux audits énergétiques, la norme ISO 50001 relative au système de management de l’énergie, La norme ISO 14 064 relative à la quantification des émissions de GES spécifications et lignes directrices pour la quantification des émissions de GES d’un organisme et la méthode du WBCSD dans le cadre du Cement Sustainability Initiative : The Cement CO2 and Energy Protocol. Fondée sur des référentiels et des standards internationaux, cette approche des audits garantit leur envergure internationale et facilite son adoption officielle par l’ANME et leur réutilisation régulière.
  • Trois sessions de formation théorique portant sur les audits énergétiques et des émissions CO2 ont été organisées en faveur des auditeurs locaux et des cimentiers.
  1. Le module 1 de la formation était dédié à l’efficacité énergétique et les indicateurs de performance énergétique. L’objectif des premières sessions était d’assimiler les enjeux liés à l’efficacité énergétique dans l’industrie du ciment, apprendre l’application des audits énergétiques, avoir une bonne compréhension des indicateurs et les moyens de les utiliser, acquérir les bases du système de management de l’énergie (basé sur l’ISO 50001), etc.
  2. La deuxième session était une introduction au procédé industriel de fabrication du ciment et ses particularités liées à l’efficacité énergétique et l’atténuation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).
  3. Le troisième module était dédié aux aspects pratiques pour la conduite d’un audit et visait à fournir aux auditeurs locaux les compétences, expertises et connaissances nécessaires pour la réalisation des audits des cimenteries.
  • Les audits pilotes de trois cimenteries (Carthage, Enfidha et Kairouan) ont été réalisés et se sont déroulés de Juin 2016 à Janvier 2017. Ces audits ont été réalisés par le bureau international tout en étant accompagné par les auditeurs locaux pour renforcer leurs capacités et assurer le transfert d’expertise.</li>
  • Les audits des 6 cimenteries restantes ont été lancés en février 2017 et devraient se dérouler jusqu’à juin 2017. Ces audits sont réalisés par les auditeurs locaux tout en étant accompagnés par le bureau international pour les superviser.

Les objectifs attendus

L’activité des audits est l’une des principales activités techniques du projet d’autant plus qu’elle est liée avec d’autres activités, en particulier, l’accord volontaire et le système MRV. Parmi les principaux résultats attendus des audits en lien avec d’autres activités, on retrouve :

  • Dresser la situation énergétique et des émissions CO2 des cimenteries et du secteur selon des référentiels standardisés pour une année donnée,
  • Identifier des facteurs d’émission spécifiques au secteur cimentier tunisien et des indicateurs de suivi des mesures d’atténuation à mettre en place : ces éléments renforceront l’exactitude du système MRV à mettre en place,
  • Identifier des plans d’action d’atténuation individuels et du secteur ainsi que des objectifs/indicateurs de performance à atteindre : ces éléments seront inscrits dans l’accord volontaire à signer entre le secteur et l’Etat tunisien.